Que c'est dur de changer de chaise !
La difficulté psychologique à passer de l'état d'auteure à celui d'éditrice, et pire encore à celui d'autoéditée, c'est à dire d'auteure s'éditant soi-même ne m'avais pas échappée. J'en étais consciente largement avant de décider d'en passer par là, date elle-même très antérieure à la mise en route, elle-même largement antérieure à la création de High Moon.
Même en le sachant, c'est quand même rude.
Et oui... mais chaque fois que je relis mon texte, je suis tentée de penser en auteure, c'est à dire avec l'envie de le fignoler encore. Fichu perfectionnisme !
Pourtant... avant d'atteindre le statut d'éditrice à part entière, j'ai résolu de commencer par celui d'auto-éditée (c'en est même le point de départ), alors il serait bon que j'arrive à gérer la dualité auteure/éditrice...
Un auteur, une auteure, une autrice, un.e auteur.trice (etc.) doit se méfier de la fierté "parentale" envers son texte, qui peut conduire à ne pas en voir les défauts. Il ou elle doit apprendre à être perfectionniste.
Une fois le texte suffisamment fignolé, on l'envoie aux éditeurs, et à ce moment-là, s'il y en a un qui juge le contenu suffisamment au point, ça passe à l'étape suivante.
Au niveau psychologique, cette acceptation est une sorte de validation, pour l'auteur. Quelqu'un d'autre a eu confiance en ce texte. Le bébé a désormais deux parents, ou bien un parent-auteur et un parrain-éditeur (ou marraine), et ce parrain ou cette marraine va se charger des étapes de préparation du livre en tant qu'objet et de sa présentation au public.
En auto-édition, ça se complique.
En décidant que le livre est au point pour faire un manuscrit, l'auteur fait confiance à son contenu et sait que l'éditeur, après acceptation, proposera des corrections ici ou là.
En auto-édition, le manuscrit n'est envoyé qu'à un seul éditeur, lequel a d'ores et déjà accepté le texte, puisque c'est soi-même.
Là, il faut accepter de changer de casquette, ou de veste, ou de crayon, ou de chaise, et quitter le rôle d'auteur.e pour celui d'éditeur.
Au lieu d'être chacun d'un côté de la table, l'auteur.e et l'éditeur.trice sont sur la même chaise...
L'éditeur, à l'inverse de l'auteur, ne remet le manuscrit en travail qu'un temps limité, une fois qu'il l'a accepté. Juste pour des détails pratiques. Son travail, c'est l'objet et sa vente. Revoir le contenu n'est pas son rôle. Ce ne sera pas non plus celui du correcteur chargé de nettoyer les fautes.
Or... quand on est en même temps auteur, éditeur, correcteur, etc. la tentation de revenir aux doutes d'auteur.e perfectionniste.
Finalement, les auto-édités qui se lancent naïvement dans l'aventure avec un manuscrit dont ils sont très fiers et sur lequel ils n'ont aucun doute, sont à ce stade les plus chanceux. Moins de prise de tête ! Hélas, c'est parmi eux que les chances d'avoir en bout de compte un livre de qualité douteuse sont les plus élevés.
Que c'est compliqué, la vie !!!!!