Hau ! Paix sur toi, frère...

L'ennui,
avec les Haines...
c'est qu'une première
en entraîne
facilement
d'autres...

Proverbe sélénite...

J'aime à penser que pour un enfant, l'univers Western évoque en premier lieu le chef indien assis devant sa tente, et proposant un calumet de paix. Ou bien le sorcier explorant les rêves. Ou encore, les femmes préparant la viande séchée. J'aime à le penser, mais en fait, même pour les enfants,  Western peut évoquer tout de suite "les indiens et les cow-boys" ou bien "le shérif et les bandits. 

Un jour que j'allais rendre visite à ma "medecine-woman", un petit garçon, en me voyant entrer dans la salle d'attente a bondi vers moi en montrant mon chapeau et m'a demandé si j'avais aussi un Colt. Non, je n'ai pas de revolver dans les larges poches du manteau que je portais ce jour-là (et qui, selon certains, fait penser à un conducteur de diligence). Un peu déçu, mais toujours enthousiaste, ce papoose a ajouté"si j'avais su, j'aurai amené mon arc".

Ah.... les souvenirs que ça évoque, ce genre de moment ! Et pourtant, à l'époque où j'avais un tipi en couverture et un arc en bois vert, il ne me serait pas venu à l'idée de lever un tomahawk. Bon... je savais que que j'aurais pu jouer à ça, tout de même, mais ce n'était pas mon réflexe. Mes indiens allaient à la chasse, mais pas à la guerre. La baston, c'était pour Zorro et les méchants. Le Western, c'était "Petit Renard l'Indien" et "Lucky Luke". Ensuite, ça a été aussi la BD "Capitaine Apache" et les films qui faisaiet dire à mon grand-père "ils vont nous salir tous les meubles !", mais la première idée, à cette date, allait plutôt vers le sorcier et ses herbes, les danseurs avec leurs plumes ou les chevaux à demi-sauvages.

Chez les adultes, c'est un peu la même chose.

Il y a ceux dont la première idée va aux films de Sergio Leone ou Clint Eastwood. Des trucs violents, et qui assument de l'être. Moind brutalement, mais sur les mêmes thèmes, on trouvera ceux qui pense à Lucky Luke.

Ensuite, il y a ceux dont le réflexe mental ira vers les films récents, et parmi-ceux-ci, au Revenant de Alejandro González Iñárritu (2016). Un film très dur, lui aussi, mais à l'esprit moins violent, d'une certaine façon. Le cadre et les actions sont rudes, mais les protagonistes ont le coeur moins sec et avide. 

Enfin, il y a les amateurs de vieilleries, les nosalgiques de la grande époque du genre, ceux qui savourent la violence édulcorée de la période Hays, et les personnages en demi-teinte de sa période finale. De nos jours, les contraintes imposées par le comité Hays conduisent surtout vers la littérature jeunesse ou "jeunes adultes". Et pourtant, c'est vers ce genre de chose que j'aimerais voir porter High Moon.

Je veux bien entendu parler de l'ambiance, et non forcément du contenu. Même s'il existe des Western comportant des zig-zag entre les contraintes du comité Hays et lancent des petites piques féministes voire anti-racistes, c'est tout de même une période largement discriminatoire et orientée. 

Le Far West était un monde de brutes, mais sans tomber dans le Peace & Love, on peut quand même y vouloir de la douceur, non ?

Le Wild West, c'est de la sauvagerie, certes, mais c'est aussi de la vie et des rêves, donc protentiellement de l'espoir.

Et en termes de ligne éditoriale de High Moon ?

Comment résumerai-je tout cela, quand je mettrai à jour la page Manuscrits ou ferai un "mode d'emploi des appels à textes" ? La "douceur dans un monde de brutes" n'est pas un mauvais résumé., quoique pas très clair et assez ridicule.

Chapitres "interdits aux âmes sensibles" : on tachera d'éviter ça, mais inutile, pour autant, d'écarter toute violence ou sensualité. Entre naïve romance et thriller sanglant, il y a beaucoup de place. Le "plus de 16 ans" est tout à fait permis ! Le "à partir de 10 ans" ne pose pas plus de problème. Du côté du "à partir de 7 ans", il faut d'abord réfléchir à la question des illustrations qui modifient un peu le travail de mise en forme.

Ecologie : pas de souci, ça marche. De même que les traditions anciennes bien documentées.

Révisionnisme : passez votre chemin. Même sans étaler de l'hémoglobine sur les pages, les massacres ont existé, de même que les haines et conduites méprisantes. On peut éviter de les aborder, mais en aucun cas les nier. 

Féminisme etc : le genre se prête beaucoup au machisme, et par conséquent à prendre à revers les regards classiques. Les femmes étaient très présentes, dans l'Ouest, et quand elles avaient des compétences, la concurence masculine était parfois moindre que dans l'Est.

On peut en dire autant des gens de couleur, et même plus. L'image du cow-boy s'est ancré en "visage pâle", mais on y trouvait aussi des noirs. Garder le bétail exigeait de la robustesse mais pas de savoir lire, ni même forcément manier une arme (de toute façon, un Colt, ça coûte cher, quand on est un "travailleur peu qualifié"). J'ai même trouvé un jour, sur je ne sais plus quelle page Web, une photo montrant des cow-boys d'origine chinoise.

Rêves et espoirs : n'oublions pas qu'au point de départ de toute cette violence, il y a eu des rêves. Le Wild West, pour les migrants, était une terre promise.

Tant qu'à parler de rêves, et même si ça n'a rien à voir avec les précédents : la magie des rituels dansants, des plantes et des pratiques ascétiques comme les "quêtes de la vision" peuvent conduire à des textes porteur d'onirisme, voire de poésie. A explorer, donc !

Mythologie western : là, c'est tout cimple, elle est notre matière première, et par conséquent, broder autour de ses thèmes n'aura rien que de très normal et très attendu. N'ayez même pas peur du cliché, car l'essentiel est dans la manière de développer la photo (c'est à dire de rédiger le texte). Le cliché, c'est parfois juste un résumé de mythe.

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